"J’ai connu Claude il y a tellement d’années et pourtant j’ai l’impression que c’était hier.
Dans son rôle de maire, il était impressionnant au premier abord mais j’ai découvert qu’il était surtout humain, à l’écoute de l’autre, conciliant et portant ses projets à bout de bras comme si chacun d’entre eux était unique et primordial.
Les années ont passé. L’employeur est devenu l’ami. Par la plus grande des coïncidences j’ai retrouvé Chrystelle, son épouse, qui avait été l’une de mes professeures à l’université. Puis ce cercle s’est refermé en un doux cocon avec la naissance d’Antonin qui est venu consolider cette famille si attachante et qui aujourd’hui, pour notre plus grande tristesse, se retrouve orpheline de sa figure de proue.
Claude aimait à nous rappeler son parcours dont il était fier. Né à Saint-Denis, issu d’une famille modeste, il a néanmoins eu la force et la ténacité pour faire bouger les murs de ce qu’on appellerait aujourd’hui la fatalité et il s’est frayé un chemin des plus remarquables.
De médecin, il est devenu Maire puis, de Maire sénateur et, à chaque fois, cette énergie que nous lui connaissions s’est manifestée dans le respect des autres et dans le seul but de faire évoluer les choses favorablement et selon ses convictions.
Claude était un enfant du 93. Il a donné sa vie pour ce département qu’il n’a jamais quitté parce qu’il aimait les gens qui y habitent. Parce que, à l’image de sa vie, il savait que la fatalité devait surtout se combattre pour qu’elle cesse de l’être et que même si les conditions de départ n’étaient pas toujours les meilleures, il y avait, ici, le terreau d’une vie plus juste, plus agréable, si différente de ce qu’on peut voir lorsqu’on regarde de loin.
Je suis sûre que cette tristesse qui nous habite aujourd’hui, ici, est ressentie par l’ensemble des clichois. Aucun ne me démentira si je dis que Claude était surtout à l’écoute de ses administrés. Ce n’était pas une posture de façade mais bel et bien sa nature. On se souviendra, sans aucun doute des tristes évènements de 2005 durant lesquels, sans relâche, il est allé au combat afin de calmer la situation, de montrer à sa ville et aux autres que malgré les évènements, il était présent, prêt à aider, à accomplir son rôle.
Claude nous quitte à l’issue d’un ultime combat qu’il a perdu, cette fois ci, comme si cette fatalité qu’il combattait avait fini par prendre le dessus.
Je suis persuadée que s’il nous regarde et, il nous regarde, il doit hocher la tête et nous dire que non, qu’il y a encore tant à faire, qu’on ne doit pas céder à la tristesse ; pas se laisser abattre ; continuer à avancer pour que ce vent d’espoir qui s’est levé, ici, grâce à lui, continue de souffler encore et au-delà de Clichy-sous-bois.
Claude va nous manquer cependant. Il va manquer à Chrystelle et à Antonin. Il va manquer à sa famille, à ses amis, aux clichois et à tous ceux qui l’ont croisé un jour lorsqu’il était médecin, ou homme politique. Il va manquer à ce département et à ce pays qui étaient les siens.
Nous te recommandons a Dieu. Qu'il te garde en paix pour l'éternité.
Adieu Claude..."
NDLR : Un grand merci à Ana qui nous a transmis ce texte qu'elle a lu au cours de la cérémonie des obsèques de Claude Dilain, ce samedi 7 mars 2015.